Pour les bailleurs de passoires thermique, le choix entre vendre ou rénover est difficile
Vous l’aurez compris, la loi Climat & Résilience avec ses dispositions anti-passoires thermiques (gel des loyers, interdiction progressive à la location, audit énergétique) oblige les bailleurs à se positionner : rénover ou vendre.
Mais est-ce réellement un choix ? S’ils vendent, c’est généralement parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement et qu’ils n’ont pas les moyens de lancer une rénovation énergétique. Parfois, c’est juste pas possible techniquement.
😃 Quelle que soit leur motivation, c’est bon pour vous, surtout si vous tombez sur un vendeur pressé, parce qu’il n'a pas fini de rembourser son crédit immobilier.
Il sera davantage enclin à accepter une offre d’achat agressive et vous pourrez réaliser encore plus d’économies avec la loi Lagarde, qui vous permet de choisir librement votre assurance emprunteur.
Nul besoin de préciser qu’en optant pour la rénovation énergétique, le bailleur pourra à nouveau augmenter ses loyers, mais surtout, continuer de louer son bien, en plus de valoriser son patrimoine.
Investir dans des travaux de rénovation (isolation thermique, double-vitrage, nouveau système de chauffage…) peut donc s’avérer un bon calcul quand on a les moyens de le faire.
Il existe par ailleurs de nombreuses aides (MaPrimeRénov', le dispositif des Certificats d'Économie d’Énergie, les aides locales), mais qui sont loin d’être suffisantes. Selon heero, le reste à charge moyen représente 85% du devis.
La problématique du coût des travaux de rénovation (bientôt la vôtre si vous achetez une passoire thermique ?)
7 propriétaires sur 10 ne peuvent pas payer les travaux malgré les aides
Vous avez entendu parler de la hausse des prix ?
Eh bien, ça touche aussi les matériaux de construction (+ de 25% en 2 ans) et les pompes à chaleur. Et comme à la base, les travaux de rénovation coûtent très cher, c’est encore pire maintenant.
Mais ça veut dire quoi cher ? Combien faut-il compter pour une rénovation ambitieuse, permettant à un bien de sortir de la catégorie « passoire thermique » ?
Difficile à dire… car cela varie beaucoup d’un bien à l’autre, mais aussi, des régions (en montagne, par exemple, les coûts peuvent être plus élevés en raison des conditions météorologiques difficiles et de l‘accessibilité limitée).
💰 Selon les sources, il faut compter entre 20 000 et 70 000 euros, sachant que pour une maison individuelle, on sera plutôt dans le haut de la fourchette.
Ou « environ 1000 euros en moyenne par mètre carré pour une petite surface » d’après Thierry Viginal, le président et cofondateur de Masteos.
Certains postes sont toutefois incompressibles et ne dépendent pas de la surface habitable. C’est le cas du chauffage par exemple (tablez sur 10 000 à 15 000 euros pour une pompe à chaleur).
Pas étonnant donc, que malgré les aides disponibles, 7 propriétaires sur 10 n’aient pas les moyens de financer les travaux de rénovation énergétique.
Et vous ?
Aurez-vous un budget suffisant pour acheter une passoire thermique et financer les travaux de rénovation ? Jouez sur l'assurance de prêt immobilier pour économiser jusqu’à 15 000 euros et avoir un plus gros budget travaux.
À noter que l’audit énergétique vous permettra d’avoir une idée précise des travaux à prévoir et de leur montant, ce qui vous facilitera la tâche pour négocier vos devis.
Engager des travaux de rénovation énergétique n’est pas toujours rentable
À votre avis qu’est-ce qui est le plus intéressant financièrement entre :
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Rénover une maison de 80 m² dans la Creuse pour 29 000 euros, où le prix du m² est de 878 euros en avril 2023 ;
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Rénover une maison de 80 m² à Saint-Malo pour 40 000 euros où le m² est à 5492 euros ?
La question est vite répondue. 😉 Même si les artisans sont moins chers en Creuse car moins sollicités, le coût de la rénovation est proche de la moitié de la valeur vénale (le prix auquel le bien pourrait être vendu). L’investissement ne vaut pas vraiment le coup. Le propriétaire a intérêt à vendre.
De même, à quoi bon rénover un studio dans une petite ville estimé à 55 000 euros s’il y a 20 000 euros de travaux ?
Par contre, là où le mètre carré est cher comme à Paris, mieux vaut rénover. Quoique…
Parfois, la rénovation n’est pas possible, ni souhaitable
Pensez-vous que cela a un sens d’isoler par l’extérieur des bâtiments construits avant 1900 et qui ont des éléments de décoration ?
Pensez-vous que cela a un sens de changer toutes les fenêtres d’un château et de lui faire perdre tout son cachet pour le mettre aux « normes » alors qu’il n’est pas ou peu chauffé ?
Ou encore d’intégrer au DPE des dépendances sans toiture, forcément plus énergivores ?
🏣 Quid des immeubles historiques comme les immeubles haussmanniens dont on ne peut pas modifier les façades, qui sont classées ?
L’isolation n’est possible que par l’intérieur. Problème : on perd environ 7% de la surface du bien ! Et au prix du m² dans la capitale, pour un appart de 100 m², ça revient à perdre plus de 70 000 euros pour des travaux qui vont potentiellement coûter tout autant… Idée de génie, non ?
Ah oui, au fait, vouz allez défigurer l'appartement (bye-bye les beaux parquets en chêne ou les cheminées d'époque...).
Mais il y a un autre problème qui touche certains petits logements, comme les chambres de bonne ou les logements sous combles, qui sont nombreux à Paris.
Pour être loué, la pièce principale d’un logement doit faire minimum 9 m². En dessous, il est considéré comme indécent.
Donc, si la pièce principale d’un logement fait 9 m² tout juste, il ne pourra plus être loué après rénovation de l’intérieur, puisqu’il aura perdu 7% de surface : 9 m² - 0,63 m² = 8,37 m².
Le logement est qualifié d’indécent. Le comble !
Heureusement, des dérogations existent et notamment pour les logements soumis à des contraintes architecturale ou patrimoniales.
Cela signifie que si un locataire saisit la justice, le juge ne pourra pas ordonner la réalisation de travaux si ces contraintes « font obstacle à l’atteinte [du] niveau de performance minimal malgré la réalisation de travaux compatibles avec ces contraintes. »
Tel que nous comprenons le texte (qui sera applicable au 1er janvier 2025), le juge pourra en revanche bloquer les loyers.
Rénover une passoire thermique ne se fait pas en un claquement de doigts
Il faut trouver le bon artisan labellisé Reconnu Garant de l’Environnement (RGE)
Le nouveau DPE, plus sévère, a fait exploser le nombre de passoires thermiques. C’est plus d’un logement sur 5 et 20% des annonces immobilières contre 10% il y a deux ans.
Et à Paris, c’est encore plus spectaculaire : selon SeLoger, « 37% des logements en vente étaient des passoires thermiques en janvier 2023, contre 17% en juillet 2021 ».
C’est beaucoup de logements à rénover en même temps et donc, de propriétaires qui se bousculent à la porte des boîtes du BTP, bien que la majorité ne veut pas ou n’a pas les moyens de donner une nouvelle jeunesse à leur bien immobilier.
Le manque de main d'œuvre auquel les bailleurs sont confrontés est un problème que vous pourriez également rencontrer si vous achetez une passoire thermique et envisagez de la rénover.
🔺 En plus, pour bénéficier des aides financières à la rénovation énergétique (MaPrimeRenov, l’Éco-prêt à taux zéro, les Certificats d'Économies d'Énergie), cela nécessite de faire appel à une entreprise Reconnu Garant de l’Environnement (RGE).
Problème : sur les 560 000 entreprises du BTP, seulement 63 000 sont labellisées RGE selon le président de la Confédération des artisans du bâtiment. Et certaines zones géographiques sont plus en tension que d’autres (les zones touristiques côtières, mais aussi des villes comme Bordeaux ou Nantes).
Le chantier peut durer longtemps
Autre difficulté : entre la signature du devis et la livraison des travaux, il peut s’écouler plusieurs mois.
Difficile donc, de savoir quand il sera possible de récupérer son logement, ce qui décourage nombre de propriétaires d’entreprendre une rénovation d’envergure.
Si vous achetez une passoire thermique et que vous n’avez pas besoin d’y poser vos valises rapidement (ou de la mettre en location le plus vite possible), cette contrainte se posera moins, mais soyez-y préparé.
48% des bailleurs de passoires envisagent de vendre dans l’année
48%, c’est donc la part de bailleurs qui pourraient vendre dans l’année leur bien immobilier selon un sondage Ipsos réalisé pour Nexity.
Ça vous étonne ? Nous, oui, car ça fait encore beaucoup de courageux alors que les attaques (pas toujours justifiées) contre les passoires thermiques s'intensifient. Mais en immobilier, le malheur des uns fait le bonheur des autres.