La garantie perte d'emploi de l'assurance emprunteur, protection utile ou pas ?

Économisez jusqu'à 15 000 € sur votre assurance de prêt immobilier tout en ayant des garanties au moins égales, voire supérieures..

La garantie perte d'emploi de l'assurance emprunteur, protection utile ou pas ?

Qu'est-ce que la garantie perte d'emploi ?

Optionnelle, c'est un filet de sécurité pour l'emprunteur en cas de licenciement

Vous connaissez la rengaine : « un crédit vous engage et doit être remboursé ».

En vous forçant à prendre une assurance emprunteur, la banque s'assure (mais c'est vous qui payez 😜) que ce sera bien le cas, même s'il vous arrivait le pire (décès, perte d'autonomie).

Les garanties invalidité et incapacité de travail vous sont aussi demandées quand vous empruntez pour acheter votre résidence principale (plus de détails ici).

Par contre, la garantie perte d'emploi est (normalement) optionnelle. C'est logique : la banque ne vous accorderait pas de prêt si elle avait le moindre doute quant à votre stabilité professionnelle (coucou les jeunes freelances).

Mais si vous perdez votre emploi (et donc, que vos revenus chutent), comment être sûr d'honorer votre engagement ?

Et bien c'est à cela que sert la garantie perte d'emploi. Aussi appelée assurance chômage, son rôle est de vous couvrir en cas de licenciement.

Concrètement, la garantie perte d'emploi prend en charge le remboursement des mensualités de votre crédit durant votre période d'inactivité.

À première vue, c'est une garantie séduisante, surtout dans un contexte où l'économie se casse la figure : le spectre du licenciement fait trembler toujours plus d'actifs.

Du coup, le besoin de vous rassurer peut vous pousser à souscrire une garantie perte d'emploi. Mais prenez garde : ce « parachute » ne se déclenche que dans un nombre de cas limités !

Avant de voir ça en détail, voyons à qui est réservé cette assurance.

Qui est éligible à la garantie perte d'emploi ?

Les conditions d'accès à cette garantie varient selon les assureurs.

De façon générale, elles sont draconiennes. Les plus attentifs d'entre vous savent déjà qu'il faut être salarié mais ce n'est pas tout.

Pour être éligible à la garantie perte d'emploi, vous devez :

✅ Être en CDI

✅ Avoir 6 à 12 mois d'ancienneté dans votre entreprise

✅ Être âgé au plus de 50 à 65 ans

La garantie perte d’emploi n'est pas pour vous si :

❌ Vous êtes en CDD sauf cas particulier*

❌ Vous êtes en période d'essai

❌ Vous êtes en préavis de licenciement

❌ Vous êtes travailleur indépendant

❌ Vous exercez une profession libérale

❌ Vous êtes artisan ou commerçant

❌ Vous êtes exploitant agricole

❌ Vous avez atteint la limite d'âge pour cette garantie

*Si vous êtes en CDD et à temps complet depuis plus de 90 jours dans la même entreprise et que votre employeur vous promet un CDI, vous pouvez prendre la garantie perte d’emploi. Cependant, en cas de licenciement, la garantie ne s'appliquera qu'à la condition que vous ayez effectivement décroché un CDI entre-temps.

En résumé et pour être hyper cash, la garantie perte d'emploi s'adresse surtout à ceux qui n'en ont pas besoin. 🙃

Et oui, les profils les plus « précaires » ou les plus exposés au risque de tempête économique en sont exclus…

C'est en partie pour ça que l'assurance chômage a mauvaise presse mais aussi parce qu'elle porte mal son nom ! (Et nous verrons qu'il y a d'autres raisons encore…)

Pourquoi parler de garantie perte d'emploi ou d'assurance chômage est abusif ?

Toutes les banques et tous les assureurs vous parlent d'assurance chômage ou d'assurance perte d'emploi (nous aussi du coup) mais c'est trompeur. La plupart du temps, on devrait plutôt parler « d'assurance licenciement économique ».

En effet, la majorité des contrats couvrent seulement ce motif de rupture de CDI. Or, c'est le plus rare : moins de 10% des cas en 2017 selon la DARES (Direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques).

Ça veut dire que les démissions, les ruptures conventionnelles mais aussi les licenciements pour faute ne sont (habituellement) pas couverts. Le motif de votre licenciement doit vous être étranger.

On attire votre attention sur le fait qu'une rupture conventionnelle n'est pas un licenciement : il s'agit d'un accord entre l'employeur et le salarié (cf article L. 1237-11 du Code du travail). D'ailleurs, en 2011, un arrêt de la cour d'appel de Nîmes l'a rappelé au dépens d'un assuré en litige avec son assureur.

Donc même si votre employeur vous fait sentir que vous êtes un cailloux dans sa chaussure et qu'il vous pousse vers la sortie avec une rupture conventionnelle, vous êtes co-responsable ! Aux yeux des assureurs tout du moins.

Pas question non plus d'espérer l'aide de l'assurance si vous perdez votre emploi pour cause d'incapacité.

En cas de chômage partiel et de préretraite, vous n'avez rien non plus.

Néanmoins, certains contrats peuvent vous proposer des prises en charge plus étendues :

  • Le licenciement pour faute, sauf lourde (faut pas abuser quand même !)

  • Les démissions dites « légitimes » indemnisées par Pôle Emploi, notamment pour suivi de conjoint

  • Certains cas d'inaptitude physique

C'est mieux mais pas de quoi sauter au plafond.

Et c'est dans le meilleur des scénarios… C'est pourquoi, vous devez examiner à la loupe ce pour quoi vous êtes assuré(e) avant de prendre cette option de l'assurance emprunteur.

Vous pouvez aussi vous faire guider par pandassur et utiliser notre simulateur pour trouver en quelques clics l'assurance de prêt la plus adaptée à votre situation.

CTA Faire ma simulation

Comment éviter de se faire avoir avec la garantie perte d’emploi ?

Une fois que vous avez examiné quelles sont les situations prises en charge par l'assurance, gare aux délais de carence et de franchise : selon le moment où surviendrait votre perte d'emploi, vous ne pourriez pas forcément bénéficier de la garantie souscrite.

1. Vérifiez le délai de carence de l'assurance chômage

Tout comme la garantie décès invalidité de l'assurance emprunteur, l'assurance chômage est soumise à un délai de carence.

Le délai de carence, c'est le laps de temps qui s'écoule entre le moment où vous souscrivez votre assurance et le moment où vous êtes effectivement assuré(e).

Ce délai varie de 3 à 12 mois pour l'assurance chômage. Il débute le jour de la signature de votre contrat.

En cas de perte d'emploi durant cette période, c'est comme si vous n'étiez pas assuré(e) : aucune indemnisation n'est prévue.

C'est compréhensible : s'il n'y avait pas de délai de carence, personne ne prendrait une assurance chômage avant d'être mis au courant de son futur licenciement. Vous non plus, pas vrai ?

Ce qui est moins compréhensible, c'est le délai de franchise, qui ne doit pas être confondue avec le délai de carence.

2. Attention à la franchise : les courtes périodes de chômage ne sont pas indemnisées

Si demain votre employeur vous met à la porte et que vous avez passé le délai de carence, vous n'allez pas forcément bénéficier de votre assurance perte d'emploi.

Selon les contrats, il vous faudra attendre 2 à 6 mois avant de recevoir quoi que ce soit !

C'est ça le délai de franchise. Autrement dit, c'est la période d'attente entre la survenue d'un sinistre assuré (ici, la perte d'emploi) et sa prise en charge par l'assurance.

De plus, le délai de franchise ne débute pas le jour où vous apprenez votre licenciement mais le jour où vous percevez votre première indemnité chômage.

En clair, si vous retrouvez du travail rapidement, il n'y a pas d'indemnisation de l'assurance emprunteur

Mais entre retrouver du travail la semaine de votre licenciement et 5 mois plus tard (ce qui n'est pas si long que ça dans certains secteurs), il y a un gouffre.

Potentiellement un gouffre financier si votre pension chômage s'avère insuffisante, en particulier si vous vous serrez déjà la ceinture…

En tout état de cause, votre indemnité chômage n'égalera jamais votre précédent salaire. D'où l'intérêt de souscrire la garantie perte d'emploi.

3. Problème : comment faire quand la garantie perte d'emploi ne s'applique pas encore ?

S'il y a un problème, il y a une solution (et même plusieurs). 😀

La première chose à faire, c'est d'anticiper.

Vous êtes au courant que vous allez vous faire virer ? Foncez voir votre banquier !

Votre transparence sur la situation sera appréciée et des aménagements pourront être trouvés :

  • Soit la banque pourra suspendre le remboursement de votre crédit et reporter les échéances (mais cela aura pour contrecoup de faire grimper le coût total de votre assurance emprunteur, puisque le remboursement s'effectuera sur une plus longue durée)

  • Soit vos échéances pourront être réduites (de 15 à 20%) durant quelques mois, le temps que votre assurance s'enclenche ou de retrouver du boulot

4. Quand vous êtes indemnisé(e), c'est souvent de façon partielle, sachez-le

En effet, il est rare qu'une assurance chômage couvre l'intégralité de la mensualité du crédit en cours ou de votre ancien salaire.

Ce n'est pas le but non plus : en cas de licenciement économique, vous toucherez des indemnités de Pôle Emploi (si vous remplissez les conditions pour y avoir droit) durant un bon moment.

Aucun intérêt donc à avoir une assurance chômage qui prenne en charge la totalité de votre mensualité : selon votre situation, assurer 75%, 50% ou même 30% de cette mensualité peut suffire.

Et en plus, ça vous reviendra moins cher. (On va parler du coût de l'assurance chômage mais avant cela, encore un dernier point de vigilance).

5. Vous n'êtes pas indemnisé(e) éternellement

Et oui, parce que sinon, il y aurait des petits malins pour profiter du système. Mais surtout, ça fragiliserait les compagnies d'assurance.

C'est pas ce que vous voulez quand même ?

Pour ce qui est des durées d'indemnisation, chaque assureur a ses propres règles. Ce qu'on observe le plus, c'est 12 mois par période de chômage. Parfois, ça monte à 18 mois d'indemnisation.

De quoi voir venir (et de retrouver un emploi).

Mais si vous subissez plusieurs licenciements économiques (ce qui n'est pas dingue sur la vie d'un crédit immobilier), que se passe-t-il ?

Là encore, ça dépend des contrats. Comptez 3 périodes de chômage maximum indemnisées. Certains assureurs peuvent prévoir un plafond d'indemnisation globale sur la durée du contrat.

Combien coûte la garantie perte d'emploi de l'assurance emprunteur ?

La garantie perte d'emploi coûte chère mais ce n'est pas le souci

On a vu que la garantie perte d'emploi ne couvre pas toutes les causes de perte d'emploi.

On a vu qu'il y a des délais de carence et de franchise.

On a vu aussi que la couverture offerte est généralement partielle.

Et enfin, qu'elle est limitée dans le temps.

Bref, que l'assurance perte d'emploi ne protège pas autant que l'on pourrait penser.

Ce ne serait pas gênant si elle était bon marché. Mais elle est chère (et même très chère) : la garantie perte d'emploi peut doubler, voire tripler le coût de votre assurance emprunteur !

Mais il y a plus grave !

Le coût de la garantie perte d'emploi peut entraîner un refus de prêt

Si votre situation financière est jugée fragile (revenus modestes, faible apport personnel), le surcoût de l'option perte d'emploi peut faire capoter votre demande de financement.

Comment ?

En faisant passer votre taux d'endettement au-delà de 35% (le maximum autorisé).

On rappelle que l'assurance prêt immobilier doit être prise en compte dans le calcul du taux d'endettement. Un taux de 35% signifie que vous pouvez consacrer un peu plus d'un tiers de vos revenus au remboursement de votre crédit, assurance comprise.

Mais en plus, vous risquez de voir le TAEG dépasser le taux d'usure, ce qui se traduit nécessairement par un refus de prêt. Dit comme ça, c'est « incompréhensible » mais vous allez voir, c’est simple :

Le TAEG, c'est le Taux Annuel Effectif Global. Il exprime en pourcentage le coût total du crédit avec tous les frais annexes, dont le coût de l'assurance emprunteur. Il aide à comparer plusieurs offres de prêt en fonction de leur coût total.

Le taux d'usure, c'est le TAEG maximal autorisé pour emprunter. En fait, il n'y a pas un seul taux d’usure mais 14 (un pour chaque type de prêt). Ces taux changent constamment. Ils sont réévalués tous les trimestres par la Banque de France.

  • À titre d'exemple, au 22 juin 2022, il est de 2,40% pour un prêt à taux fixe d'une durée de 20 ans et plus
  • Toujours au 22 juin, le taux d'usure est de 2,43% pour un prêt à taux fixe d'une durée comprise entre 10 ans et moins de 20 ans

(Vous trouverez facilement ces informations en tapant « taux d'usure Banque de France » sur votre moteur de recherche préféré.)

➤ Pour éviter les abus des banques, qui pourraient assommer les emprunteurs avec des taux d'intérêt trop élevés, une règle a été introduite : interdiction de prêter si le TAEG est supérieur au taux d'usure.

Ça part d'une bonne intention mais les effets pervers sont là.

Mécaniquement, souscrire la garantie perte d'emploi va faire augmenter le coût total du crédit. Or, c'est un risque pour les profils les plus fragiles, en particulier les primo-accédants, de voir leur taux d'emprunt (incluant les frais annexes) dépasser le taux d'usure.

De façon plus générale, cette histoire de taux d'usure peut entraîner un refus de prêt quand l'assurance crédit est trop coûteuse. Les emprunteurs à la santé fragile sont particulièrement pénalisés malgré l'existence de la convention AERAS pour les aider à s'assurer.

Depuis 2020, un nombre croissant de candidats à l'emprunt se plaignent de cette situation.

En attendant que l'État se bouge les fesses, une parade existe pour faire baisser le coût de l’assurance crédit : faire jouer la concurrence et se tourner vers une assurance emprunteur externe grâce à la loi Lagarde.

Si la garantie perte d'emploi est toujours chère, il y a tout de même des différences significatives entre les contrats. Les assureurs ont même plusieurs méthodes pour faire leur tarification.

Cela fait varier énormément le coût de l'assurance chômage. D'où l'intérêt de faire des comparaisons d'assurance emprunteur.

CTA Commencer ma simulation

Comment est fixé le coût de la garantie perte d'emploi ?

C'est un scoop pour personne : plus votre salaire est élevé et plus l'option perte d'emploi coûte cher (que vous vouliez assurer la totalité de ce salaire ou une fraction seulement).

(30% d'un gros salaire pèse toujours plus que 30% d'un SMIC.)

On ne devrait pas vous surprendre non plus en vous disant que les rides et les cheveux blancs font grimper le coût de l'assurance. Parce qu'en cas de licenciement, ça vous aidera pas (sauf si vous voulez piquer la place du Père Fouras dans Fort Boyard).

Pour retrouver un job plus classique, mieux vaut être jeune. 🤷‍♂️

Ensuite, les assureurs ont deux façons de calculer le coût de la garantie perte d'emploi :

  • Soit sur le capital emprunté

  • Soit sur la mensualité de remboursement

Le coût de l'option perte d'emploi varie souvent entre 0,3% et 1% du capital emprunté et entre 2 et 6% de la mensualité. Oui, c'est énorme !

Pour que ce soit plus parlant, prenons un exemple. Vous empruntez 250 000 euros sur 20 ans et vous remboursez 1041 euros tous les mois. Vous voulez la garantie chômage.

Si l'assureur décide d'appliquer un taux de 0,3% sur le capital emprunté, l'assurance chômage vous revient à 15 000 euros sur 20 ans !!

Le calcul est le suivant :

  • ((Taux x Capital emprunté) / 100) x nombre d'années
  • ((0,3 x 250 000) / 100) x 20 = 15 000 euros

Si l'assureur fait son calcul sur la mensualité de remboursement en appliquant un taux de 4%, l'assurance chômage vous revient à 9993 euros !

  • ((Taux x Mensualité du crédit) / 100) x nombre de mois x nombre d'années
  • ((4 x 1041) / 100) x 12 x 20 = 9993 euros

Après tout ce qu'on a vu, vous vous demandez peut-être :

« Il y a des gens qui prennent la garantie perte d'emploi ??? »

Quasiment pas.

La garantie perte d'emploi, c'est moins de 2% des primes : 1,7% des cotisations d'assurance emprunteur en 2020.

Mais dans certains cas, elle peut être judicieuse.

Quand prendre la garantie perte d'emploi de l'assurance emprunteur ?

Déjà, vérifiez que vous pouvez souscrire la garantie perte d'emploi. Nous rappelons les conditions d'éligibilité plus haut.

(Inutile de dire qu'un fonctionnaire n'a pas besoin de cette garantie, puisqu'il n’est pas concerné par le licenciement économique.)

Ensuite, la question à se poser, c'est :

« Si je perds mon travail, vais-je retrouver un emploi rapidement ? »

Si votre profil est très recherché et/ou si vous travaillez dans un secteur d'activité dynamique, vous retrouvez du travail facilement. L'assurance perte d'emploi ne vous sera d'aucune utilité.

En effet, vous ne serez jamais pris en charge en raison du délai de franchise.

Par contre :

  • Si votre profil est moins demandé sur le marché du travail

  • Si vous êtes dans une entreprise en difficulté

  • Si vous vivez seul(e) et que vous n'avez personne sur qui compter en cas d'éventuel licenciement pour amortir le choc

Alors, il peut être pertinent de souscrire la garantie perte d'emploi. Vous devez essentiellement réaliser un arbitrage coût/couverture.

Pour vous aider à peser le pour et le contre, n'hésitez pas à relire cette page pour trancher. La garantie perte d'emploi est particulièrement complexe. 😉

L'avis de pandassur sur la garantie perte emploi :

L'assurance perte d'emploi vous protège en cas de licenciement.

En prenant en charge les mensualités d'emprunt, elle réduit le risque de devoir procéder à des coupes financières importantes, voire de revendre votre bien. C'est une garantie très tranquillisante.

Néanmoins, ses conditions de mise en œuvre, les délais de carence et de franchise mais surtout son coût rendent cette garantie peu attractive.

Soyez vigilant(e) avant de laisser votre « autographe » à n'importe qui.